Idée reçue #1 : un fonctionnaire ne décroche jamais, surtout pas un vendredi apres 17h

Il est 17h, un vendredi après-midi, j’appelle le numéro d’un organe de presse publique. A vrai dire, je n’y crois pas vraiment, je crois que c’était plus pour me rassurer, me dire « je l’ai fait, j’ai essayé ». Déjà en fin de journée, ce n’est pas évident habituellement ; mais nous sommes un vendredi… Et là, miracle, quelqu’un au bout du fil. Il ne s’agit pas du tout d’une voix agacée attendant que je raccroche pour partir en weekend comme on pourrait s’y attendre. : « ONIP Bonjour, Que pouvons-nous faire pour vous ? ». NDLR ONIP = Office National d’Imprimerie et de la Presse.

Idée reçue #2 : un fonctionnaire ne peut pas être aimable et serviable

Encore interloqué, je réponds : je voudrais prendre des renseignements pour m’abonner au journal La Nation. Mon interlocutrice me répond aimablement avec les tarifs et les modalités d’abonnement. Je la remercie et promets de rappeler même si en réalité, je ne comptais pas le faire.

Idée reçue #3 : Un fonctionnaire ne s’occupe de vous que si vous êtes recommandés ou que vous l’avez corrompu

L’aventure aurait dû s’arrêter là. Déjà la commerciale avait été correcte : quel salarié raffole des appels de clients un vendredi vers 18h ? D’ailleurs, je ne compte pas effectuer l’abonnement avant plusieurs mois encore. J’hésite entre m’abonner à plus de 20 000 FCFA le trimestre et acheter un journal de temps en temps à 300 FCFA. Me connaissant, je devrais tergiverser encore plusieurs mois. Cependant, rien ne se passe comme prévu. Le lundi suivant, trois jours après cet échange donc, mon téléphone sonna. C’est Le journal La Nation. “Nous avons noté votre souhait de vous abonner et nous voudrions nous assurer que vous avez bien toute l’information nécessaire pour nous retrouver.”

Je n’en revenais pas! Dans ce pays, où tout le monde se plaint de la corruption, ou il parait qu’il faut mettre une “pierre” sur le moindre dossier, ou tous les intérêts sont défendu sauf (ou alors rarement) celui de l’Etat, dans ce pays où il y aurait tant de choses à dire, dans ce pays, il se trouve une fonctionnaire ou contractuelle du public, qui prend le temps de s’investir pour ramener un client. Non que ce client soit un notable, richissime ou recommandé par quelque personnage haut placé. Elle prend la peine de le faire juste parce que …. C’est son job et qu’elle est payée pour le faire…

Idée reçue #4 : un fonctionnaire n’est pas professionnel

Je veux faire un geste pour encourager cette perle rare afin d’éviter qu’elle ne devienne “normale”. Je promets passer dans l’heure au siège de l’ONIP et du journal La Nation. Une fois arrivé dans le bureau de la responsable commerciale, je lui indique que je souhaite “juste” un abonnement mensuel “parce que je NOUS connais, vos livreurs vont trouver mille et une raisons pour ne pas livrer à temps alors que moi j’ai besoin du journal pour éplucher chaque matin avant 10h les appels d’offres”. D’ailleurs, ai-je précisé “je ne suis venu que du fait du volontarisme de votre agent, je préfère vous mettre à l’épreuve d’abord pendant un mois.”. Tout en restant aimable et souriante, sans s’offusquer des accusations que je portais, la directrice commerciale m’a rassurée et s’est engagée personnellement quant au respect des délais de livraisons. J’ai fini par prendre un abonnement de trois mois… c’était il y a 6 mois. Depuis j’ai renouvelé mon abonnement une fois et là je m’apprête à prendre l’abonnement annuel. Je précise que l’ONIP ne vous coupe pas du jour au lendemain sans préavis, 6 semaines avant la fin de l’abonnement vous recevrez un courrier vous invitant à le renouveler.


Paterne GAYE

Architecte logiciel